Mon cher Euro

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Je vous parle d’un temps que les moins de dix ans ne peuvent pas connaître… J’aurais pu commencer ce billet comme une chanson d’Aznavour. L’an de grâce deux mille deux, année bénie des Dieux qui vit l’avènement de notre cher Euro. Beaucoup de promesses, un peu d’enthousiasme et pas mal d’inquiétudes. Je les entends encore, les sceptiques : « les anciens ne se sont pas encore habitués au Nouveau Franc », « on n’y comprends rien, c’est impossible à convertir, pourquoi ils n’ont pas choisi un taux tout rond ? », « c’est la fin de la France, ma p’tite dame ! », « et puis regardez comment ils sont niches ces billets, ya même pas de visages dessinées dessus ! »

Et puis on s’y est habitué, bien obligés, le Franc à quitté nos poches, puis nos tirelires, et même nos bas de laine. On s’est réjoui de sentir notre Euro plus fort que le tout-puissant Dollar. On apprécie de voyager en Europe sans se soucier du change. On n’est même plus complexé pour chercher des clopes à Kehl ou faire ses courses à Kaufland. C’est d’ailleurs encore plus évident de constater comme « tout est moins cher en Allemagne » (légende urbaine inside).

Bref (pour reprendre une expression très en vogue), mine de rien, on s’est approprié notre nouvelle monnaie. Et voilà qu’aujourd’hui, il faudrait faire machine-arrière ? Réimprimer des Voltaire, Montesquieu, et autres Pascal ? Les économistes nous disent qu’il s’agirait d’un désastre, et personnellement, je les crois. Car si nous devions revenir au con vieux Franc, notre abyssale dette n’en resterait pas moins libellée en Euros. Elle n’en deviendrait que plus conséquente avec un Nouveau-nouveau Franc plus faible que jamais.

Non je ne veux plus de Franc, pas plus que de Deutshmark, de Lire, de Peseta ou de Drachme. Et pour reprendre un sketch TV de la semaine, qui a envie de payer sa baguette 6,60F ? son litre d’essence 10F ? son café 15F ? ou un plat du jour 70F ?
Alors oui, les prix ont augmenté en dix ans. Est-ce la seule faute à l’Euro ? Je n’en suis pas persuadé. Et un retour au Franc n’arrangerait rien, bien au contraire.

Mesdames et Messieurs nos dirigeants, prenez vous responsabilités. Enrayez la machine infernale de la Finance internationale. Taxez les revenus de la spéculation, taxez les importations extra-européennes, taxez les délocalisations. Reprenez vos droits, imposez-vous face à ces agences de notation grotesques. Il faut absolument que la démocratie ait le dernier mot.

Mesdames et Messieurs nous tous, prenons également nos responsabilités, acceptons des sacrifices supplémentaires. Revenons à un peu plus de raison, nous devrons travailler plus, et plus longtemps. Et cela devra concerner, à l’évidence, toutes les classes de travailleurs. Nous devrons rogner sur certains avantages sociaux. Il est actuellement complètement déplacé d’imaginer que l’on pourra s’en sortir d’une autre manière.

J’ai confiance au présent, mais plus que jamais, je ne puis dire de quoi sera fait notre avenir et surtout celui de nos enfants.

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