Vous avez dit "Rue de la soif" ?

Le réveil sonne à 6h, je fais ‘répéter’, 6h10 … 6h20 … 6h30 faut que je m’arrache. Douche, aïe chaud, wahhh froid, plus de pression, ça repart, ça crame. Je m’en fous, je sais même pas si je suis réveillé. Télématin, la météo, va faire beau, va pleuvoir, va faire froid ? Je regarde, mais je ne vois rien. Ca va être dur.

7h quelque chose, rien que de penser à avaler un petit pain de chez Ibis, j’ai envie de gerber. Ils doivent être importés de Chine ou du Pakistan, ils doivent les faire avec les restes de ciment quand ils construisent un stade ou une piscine « nid d’oiseau ».

Je zappe le petit déj’. 7 Euros 50 pour un jus de chaussette, ça fait mal au c… Pas grave, je file dans le métro, 4 puis le 9 … merde ils les ont planqué ou ces automates à ticket. Je hais la Gare du Nord.

Correspondance à Strasbourg Saint-Denis, la 9, merde, je fais presque toute la ligne, bon j’envoie Charlie Winston, ça passera le temps. Faut que je fasse gaffe à pas chanter à tue-tête, sinon ils vont me balancer des pièces … ou me balancer du métro au prochain arrêt ! Ben oui, l’habitude de brailler en voiture. Je me suis plusieurs fois choper au feu rouge en plein refrain de Katy Perry – California Gurls. M’en fous, je chante mieux que tout le monde.

Je ne sais pas trop pourquoi je sors une station avant ma destination ? Ou plutôt si, je sais. C’est pas grave, je marche. Gaffe, j’arrive à « Soundtrack to Falling In Love », la jolie balade avec la jolie voix de la jolie fille. D’habitude, je fais les deux voix tour à tour, faut que je me retienne. Des collégiens me croisent, je dois avoir une drôle de tête. Enfin j’arrive, il y a des travaux partout, des flaques, de la bouillasse. « Fertami, sche suis pas venu en de Bariss pour crapahuter dans la merte. »

Evidemment, les ascenseurs sont encore bloqués, ils ont dû oublier que j’étais matinal. J’appelle, « je viens juste de les ouvrir, vous pouvez monter ».

Il n’est que 8h51 et j’ai déjà baillé sept fois. J’ai un peu de mal à me contenir devant le client, qui visiblement a passé une nuit plus paisible que moi. Il est remonté comme un réveil le bougre, il parle, parle encore beaucoup et je tente autant que possible de prendre un air intéressé. Pour revenir sur ma nuit, je suis obligé d’admettre qu’à partir de 2h30 elle n’a pas existé ! Ce genre de demi-sommeil ou se mélangent pensées, rêve, réflexions, sans pouvoir déterminer les limites.

Comme l’informaticien de service ne pointe ses miches que vers 10 heures, il était prévu que je fasse quelques menus travaux en l’attendant.

Nan, mais ils exagèrent, première mission du matin on me repasse un problème sorti tout droit de je ne sais où, la patate chaude que mes collègues se refilent depuis des mois, un truc absolument indémerdable. Comment je peux faire moi ?

En gros, il semblerait que certains chiffres soient faux ! ahrghhh c’est pas le jour ! Machinalement, je vérifie, j’ai encore deux Aspegic 1000 dans la poche. On ne sait jamais, à défaut de Madiran, je pourrais toujours tenter le suicide en sniffant 2g d’acide acétylsalicylique.

Enfin, on me propose un café, alléluia, j’étais à deux doigts de m‘impatienter. Bon il est aussi mauvais que je pouvais m’y attendre, mais la caféine est toujours bonne à prendre. L’ingénieur-informaticien est arrivé, on commence doucement à bosser ensemble, on sort de plus en plus de jargon, ça impressionne toujours les filles. Bon en même temps, chez ce client, elles sont pas nées de la dernière pluie, ça leur en touche l’un sans déranger l’autre. Alors je plaisante un peu plus, me demandez pas quelles conneries j’ai pu sortir, je m’en rappelle plus. A priori, je me suis pas fait jeter, ça devait pas être aussi pire que cela.

Hey mon téléphone chante « I gotta feeling ». Je plante mon informaticien préféré de la journée au beau milieu de sa phrase, et lui jette un laconique « pardonnez-moi, j’attendais cet appel » ! Faut reconnaitre que j’ai bien du mal à maquiller ce coup de fil en « appel pro ultra important », à force de glousser, et de me mordre les lèvres pour ne pas répéter tout haut « dégueuler », « vin rouge », « pas réussi à me lever », « gueule de bois » !

Rien à foutre, je suis toujours fier de mes conneries. Et pis c’est tout !

En fin de compte, la journée avançant, tout ne pouvait aller que mieux. C’est le retour qui va être long, ou alors très court, car il y a quand même quelques chances que je ne pionce dans le train. Malheur aux voyageurs de mon wagon, ça risque de scier très fort !

Bon il est presque 19 heures, je n’ai pris aucun Aspegic ou autre substance plus ou moins licite, je ne me suis que nourri de cabillaud de la cantine et de haricot verts.

Retour à la maison en TGV, demain il fera jour comme disait l’adjudant-chef.

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