J’ai bien dû tous les avoir, les briquets. On citera dans le désordre, le basique Bic ou concurrent, petit ou grand, celui qui fait le vrai bénéficie du buraliste. Celui qu’on rachète à chaque fois en jurant : « ce petit bleu, ce coup-ci, c’est le mien, pas moyen de me le faire taxer « . En vain, j’ai même imaginé que ce petit Bic s’en retournait tout seul la nuit se ranger sur son présentoir, entre les cartes Pokemon et les sucettes Chuppa Chups. Dans tous les cas il valait presque mieux le perdre que de le vider. Qui ne s’est pas esquinté le pouce en tentant vainement d’allumer un briquet vide ? « Non, c’est sûr, il doit rester assez de gaz pour allumer une clope ! »
Ensuite, je suis passé dans une autre sphère. C’est plutôt toute une génération qui a ressuscité un symbole tout entier de la Libération. J’ai nommé l’incontournable Zippo. Et il faut se rendre à l’évidence que c’était la pire des solutions. Quand il n’était pas vide, les pierres venaient à manquer. Mais ce n’était rien comparé aux vapeurs d’essence inhalées a chaque mise à feu. Ou bien le Zippo trop rempli qui finit par imbiber la 5ème poche du Levi’s. « Mais pourquoi suis-je tout irrité à la hanche droite ? » Mais on s’en foutait, on se les offrait, les collectionnait, les faisaient graver.
Enfin, j’ai aussi eu en cadeau la version VIP du briquet rechargeable, en argent massif qui était toujours aussi vide de gaz et de pierre que son homologue a pétrole. Celui-ci est finalement mieux dans son écrin de satin, qu’au fond de ma poche avec les clés de bagnole. C’est évidemment le moyen le plus distingué de proposer du feu à une dame en société, mais l’angoisse de l’égarer était trop grand.
J’aurais également pu parler de tous les modèles publicitaires au rabais, ceux qu’on allume et qui crachent du gaz encore liquide ! Ceux-la, on se les laisse volontiers piquer par le relou de la soirée.
Finalement, qu’il soit en plastique ou en métal précieux, offert ou taxé par mégarde, il demeure l’objet de bien des convoitises. Quelle pire frustration que d’avoir des cigarettes et pas de quoi les allumer !
